Oneiroi : Salut Norman !
Avec la réimpression imminente de ton premier roman, Le Septième continent, on aimerait en savoir plus sur toi.
Peux-tu nous parler un peu de ton parcours, tes passions, tes projets du moment ?
Norman Jangot : Je n’ai pas du tout un parcours littéraire mais j’ai toujours été, de près ou de loin, connecté avec les histoires. J’ai commencé ma vie professionnelle en tant que codeur dans une boite de jeux vidéo, puis je me suis dirigé vers l’audiovisuel et plus précisément la web-série. J’ai réalisé et écrit quelques court-métrages. Aujourd’hui, je suis également sur deux projets de bande dessinée. En tant que chanteur guitariste, j’ai fondé deux groupes de musiques, Dive Bar, du rock français, et Boulevard des Allongés, du rock/folk français qui ont rendu l’âme. Depuis, je me suis tourné vers un projet liant l’électro et la narration qui est en cours de gestation.
O : Y a-t-il un genre littéraire qui a ta préférence ? Des écrivains, des livres fétiches ?
NJ : Je suis un adorateur de Stephen King ! Il a une façon d’attraper son lecteur pour ne plus le laisser partir, je pense notamment à Misery. Il m’était impossible de poser le livre ! La saga de La Tour sombre a aussi été une véritable révélation. Sa liberté d’imagination m’a énormément fait du bien. J’aurai donc tendance à dire que c’est le fantastique qui m’attire le plus dans la narration mais cela serait trop réducteur. J’ai beaucoup été bercé et influencé par James Ellroy, Bret Easton Ellis, Chuck Palahniuk pour ne citer qu’eux.
O : Ce n’est pas ta première incursion dans l’écriture mais Le Septième continent est ton premier roman. Quelles spécificités, quels avantages, quels défis as-tu rencontrés en raison de ce long format ?
NJ : Le temps. Je veux parler du temps dans la vie réelle. J’ai dû lutter contre le temps pour ne pas perdre le fil. Il est facile lorsque l’on écrit une nouvelle ou un court-métrage de s’isoler une semaine pour plonger dans les tréfonds de son univers. Mais lorsque l’on doit faire ça sur une année, c’est un vrai défi ! Le plus dur étant de savoir l’expliquer à nos proches, leur faire comprendre que ce n’est pas une fuite d’eux ni de notre vie mais un travail qui nécessite de pratiquer un isolement rigoureux.
Par contre, l’avantage est de pouvoir développer un sujet en profondeur, d’aller plus loin avec ses personnages que ce qu’une nouvelle permet. Mais pour moi, ces deux formats sont totalement complémentaires, cela dépend de ce que l’on veut raconter et comment.
O : Quelles méthodes ou rituels as-tu mis en place pour y faire face ?
NJ : Déjà, je fonctionne toujours avec un plan lorsque j’écris (presque toujours). J’ai passé un ou deux mois à construire un squelette détaillé du récit pendant que je faisais mes recherches sur tout ce qui concerne la science, les nouvelles technologies, la santé et ce dont j’avais besoin pour ne pas écrire d’âneries. Ensuite, j’ai dû me verrouiller (et quand je dis verrouiller, ce n’est pas exagéré !) des moments d’écritures. Moments sacrés qui ne pouvaient être décalés que pour cause de chute de météorites ou autre catastrophes de ce genre.
Cependant, je n’écris jamais par obligation. Les seules fois où je l’ai fait, j’ai dû tout reprendre le lendemain. Si l’inspiration ne vient pas, je vais me promener dans le cimetière juste à côté de chez moi. Il est très grand et il n’y a personne. Cela me permet de me recentrer et j’en ressors toujours avec de nouvelles idées.
O : Comment t’est venu l’idée de ce thriller ? Quelle est la genèse de ton roman ?
NJ : Un cimetière ! Non, pardon. En fait, c’est une idée que j’ai depuis très longtemps. Ça partait d’un simple « et si nous pouvions contrôler exactement ce qui entre dans notre organisme et si l’on connaissait le temps qu’il nous reste sur terre, comment le vivrait-on ? ». À l’époque, j’avais écrit sur le vif une seule page d’une personne se réveillant après un lendemain bien trop arrosé et qui culpabilise de ce qu’il a fait après avoir consulté son application. Je m’étais arrêté là, ne sachant trop vers où aller. Et puis, après avoir mené à bien plusieurs nouvelles, je me suis senti les épaules d’attaquer un roman. Mais il me fallait un concept fort, riche, avec lequel j’avais envie de partager un an de ma vie. J’ai fouillé dans mon dossier « morceaux d’histoires en vrac » et je suis retombé sur cette page…
O : Quelles ont été tes sources d’inspiration pour ce récit ? T’es-tu inspiré d’expériences personnelles ? De personnes existantes ?
NJ : Eh bien, pas vraiment ! J’ai toujours eu beaucoup de mal avec les histoires trop proches de leurs auteurs. Dans mes premiers écrits, j’ai eu envie d’explorer, explorer ce qui n’était pas près de moi, ce qui n’était pas moi. Il y a tellement de combinaisons possibles que l’impression vertigineuse que ça me procurait m’excitait beaucoup. Bon, j’ai fini par comprendre qu’on injecte toujours un peu de sa propre sève dans une histoire, que nos marottes finissent par ressurgir à un endroit où un autre. Mais ça m’a permis de m’émanciper. De débroussailler la route des possibles et de mieux comprendre comment réussir à surprendre…
O : Tu peux en dire un peu plus à tes futurs lecteurs sur Le Septième continent, sans spoiler bien sûr ?
On y trouve des personnages atypiques. Un héros hypocondriaque qui n’aura de cesse de vouloir fuir l’action, de s’interroger sur tout, d’avoir, tout simplement, peur. On y trouve aussi une enquête que j’ai tenté de rendre la plus haletante et intrigante possible. On y trouve de l’humour. Je n’ai pas voulu afficher un futur trop déprimant, pourtant les thèmes abordés le sont. On parle d’obsession sur la santé, de technologies délétères et d’un monde qui semble bien fragile. Finalement, le livre se pose la question du changement. Pouvons-nous encore changer ? De direction ? De comportement ? De nature ? Vaste programme !
O : Si c’était à refaire, est-ce que tu écrirais ton livre de la même façon ?
NJ : Bien sûr que non. Surtout pour de l’anticipation. Le monde évolue vite, on aurait envie de rajouter tellement de chose… Mais une histoire correspond aussi à un état d’esprit au moment où l’on écrit. J’ose espérer que je change un peu, sinon la vie serait bien ennuyeuse.
O : Quels sont tes projets d’écriture pour l’avenir ?
NJ : J’ai écrit plusieurs nouvelles dont une qui est paru dans le recueil Nouvelle de l’Ouest – Crépuscule sorti chez les éditions Livr’S. Normalement, un second roman devrait voir le jour l’année prochaine, dont l’action se déroulera dans l’océan Atlantique… Actuellement, je suis sur plusieurs projets en parallèle, notamment la mise en place d’une série de polars mené par un personnage… très atypique.
O : As-tu un site web, un blog, des réseaux sociaux où tes futurs lecteurs pourront te laisser des messages ?
NJ : Vous pouvez me trouver sur Facebook à mon nom : Norman Jangot ou sur Instagram. J’ai également une émission sur Twitch où je parle de narration et où je peux répondre aux questions de mes lecteurs.
Et si jamais l’envie vous venait de poser une oreille sur ma musique : http://boulevarddesallonges.fr/
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Crédits photo du portrait de Norman Jangot : Gaëlle Daireaux