steampunk, Traité de chronoportation Ostramus Gwendal Lemercier

Le steampunk : un genre issu du merveilleux scientifique

La définition du steampunk est souvent débattue au sein de la communauté vaporiste. Dans cet article, je vais vous exposer ma vision personnelle du genre, celle que je promeus chez Oneiroi.

Métempsychose, illustration par Gwendal Lemercier, extraite du Traité de chronoportation.

Je classe le steampunk dans le genre de la science-fiction puisqu’il s’agit clairement de fiction basée sur la science et l’histoire, contrairement à la fantasy qui s’appuie sur un système de magie. Plus précisément, on entre dans le sous-genre de l’uchronie s’inspirant de l’histoire du XIXe siècle, de l’ère de la Révolution industrielle du charbon et de la vapeur, période charnière où l’on est progressivement passé de la paysannerie à l’industrie. Il y a donc un ancrage dans le réel. Le genre invite à réexplorer notre passé, à le tordre, à l’interroger, à fouiller dans ses recoins sombres. Si l’évolution technologique avait pris une autre direction à ce moment, dans quel monde aurait-on vécu ? Quelles applications peut-on imaginer avec la vapeur ? Quels usages en aurait-on fait ?

 
J’aurais tendance aussi à classer le steampunk dans le genre du merveilleux scientifique. Héritier de Jules Verne, c’est pour moi une littérature qui offre une grande inventivité, qui permet de rêver à des machines fantastiques destinées à soulager les travailleurs ou à embellir le monde. L’imagination qu’on retrouve dans le steampunk apporte une touche de chaleur, de poésie face à la froideur des sciences dures. Et c’est ainsi qu’on peut y trouver une cité lunaire, un chronoscaphe ou encore un submersible serpentin… (n’hésitez pas à découvrir notre collection Vapeur & Mécanique, si ce n’est pas déjà fait).

steampunk exploration et frontières culturelles gwendal lemercier
Illustration réalisée par Gwendal Lemercier pour l’anthologie steampunk vol. 3, Exploration et frontières culturelles.

Le XIXe siècle est une période passionnante où sont nées des habitudes que nous percevons aujourd’hui comme normales et ce, dans tous les aspects de notre vie, que ce soit au niveau technologique, social, culturel, écologique, culinaire, etc. C’est ce que j’essaie d’exploiter en proposant chaque année une anthologie mêlant un grand thème du steampunk avec une problématique actuelle. L’idée est de pousser les auteurs à explorer les détails du quotidien de l’ère victorienne.

Pour moi, le steampunk est aussi un genre engagé dans le sens où il pose un regard critique sur cette période historique pas si lointaine, et donc sur notre société actuelle. Se pose la question du progrès par exemple. Dans le discours capitaliste, progrès rime avec croissance économique. Cette affirmation, posée à cette époque-là, est beaucoup questionnée maintenant que l’on peut observer les conséquences de cet engouement extrême pour le capital. Le steampunk permet de mettre en scène des alternatives. Aurions-nous pu faire les choses mieux ? Pires ? Différemment ?              
Au XIXe siècle, le rapport au travail connait une mutation majeure : l’homme qui, jusque-là, travaillait au champ en autonomie et pour lui-même, se retrouve enfermé dans une usine à suivre un rythme de production imposé par des machines. C’est le début du travail à la chaîne, l’émergence de la classe ouvrière, du patronat qui débouche sur la société de consommation, les grands magasins, la création artificielle de besoins matériels… Le curseur des valeurs se déplace. Toute la société est impactée par l’urbanisation.
L’accélération de la production induit l’accélération du rythme de la vie. On entre dans une course permanente contre le temps. La compétitivité des nations ne se mesure plus seulement sur le champ de bataille mais aussi dans leurs entreprises : meilleures technologies, innovations, recherche spatiale… Les moyens de communication deviennent un enjeu capital.

Anthologie steampunk Mécanique et lutte des classes
Anthologie steampunk vol. 2 – Mécanique et lutte des classes, Ed. Oneiroi

Le steampunk permet d’interroger toutes ces notions, de ralentir le temps un instant pour regarder à la loupe et décrypter un détail de notre histoire qui n’est peut-être pas si anodin que cela. Il permet de grossir les traits pour mieux analyser et jouer avec la réalité. Il permet d’imaginer ce que notre monde aurait pu devenir, les alternatives qui s’offraient à nous et d’en finir avec le déterminisme, avec les « il n’aurait pas pu en être autrement ». Il permet d’apporter de la légèreté, de la dérision, de l’ironie sur cette période somme toute assez orgueilleuse. Il permet de donner la parole à des personnages du peuple, des gens du commun dans lesquels nous pouvons aisément nous identifier. Il permet de mêler le sérieux de la science au merveilleux de l’innovation.

Le steampunk est le genre de tous les possibles.

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