Matago Roxane Millard

À la rencontre de Roxane Millard, illustratrice de Boulevard des pas perdus

Nous avons eu le plaisir de travailler avec l’illustratice et concept artist, Roxane Millard, sur la couverture du roman Boulevard des pas perdus (Michèle Devernay, déc. 2019). Dans cet entretien, nous revenons sur sa carrière, ses inspirations et son travail pour Oneiroi.

Oneiroi : Bonjour Roxane !
Tu es l’illustratrice de la couverture et de l’ex-libris de Boulevard des pas perdus de Michèle Devernay, le premier roman de fantasy publié chez nous. À cette occasion, on aimerait en apprendre un peu plus sur toi.
Tout d’abord, peux-tu nous parler un peu de toi, de ton parcours, tes passions, tes projets actuels ?

Illustration Roxane Millard

Roxane : Eh bien bonjour.
Début de parcours assez classique, littéraire artistique. J’ai toujours aimé lire même les dictionnaires et encyclopédies xD Apprendre de nouveaux mots, et découvrir comment les marier à d’autres par leur son, leur sens, etc, je ne m’en lasse pas. Etrangement c’est un jeu que je pratique aussi avec les couleurs en illustration.
Si écrire est venu naturellement, je sentais pourtant qu’il me manquait quelque chose. Les mots ne suffisaient plus, c’était assez frustrant d’ailleurs et de fil en aiguille dessiner s’est présenté comme une évidence. Quand j’avais du mal à décrire quelque chose avec les mots, je le dessinais tel que je visualisais et cela devenait plus facile à écrire ensuite. Je dessinais des cartes – ce qui est encore une passion chez moi dès que je commence une histoire même courte –, des objets, des personnages, des bâtiments, des sculptures, une atmosphère particulière, toute sorte de choses à vrai dire, ce qui complétait l’univers sur lequel je travaillais. Peu à peu, j’illustrais déjà de façon plus élaborée ce que j’écrivais. Mais ce qui m’aidait le plus était de dessiner le bestiaire car j’avais (et ai encore) tendance à partir dans des descriptions biologiques compliquées, très détaillées allant de descriptions physiques jusqu’aux modes de vie et attitudes comportementales de ces créatures alors ça permettait de recadrer un peu et de simplifier le texte finalement. Et dans la suite logique des choses, je me suis spécialisée dans le design de créatures. L’illustration numérique est venue plus tard pendant mes années d’université et je poursuis mon apprentissage de ce coté là pour l’instant.

Quand je pose mes crayons, je consacre mon temps libre à coté aux jeux vidéos et devant des séries TV asiatiques, puis éventuellement quand j’ai suffisamment de temps je lis de la littérature coréenne ou chinoise. En projet, j’aimerais retrouver du temps pour écrire plus régulièrement et poursuivre l’apprentissage du coréen.

O : Quelles sont tes sources d’inspiration pour tes illustrations ?

R : Beaucoup de choses. J’essaie de ne pas me limiter pour trouver l’inspiration. J’aime beaucoup l’art ancien et l’art du tatouage. Les artbooks d’artistes que j’admire, du jeu vidéo, du cinéma, du cinéma d’animation, etc. Je les feuillète régulièrement. Après j’étudie beaucoup de livres d’anatomie et d’informations en tout genre sur les espèces animales afin de me documenter au maximum pour le design de bestiaires. Pour le reste, beaucoup de photographies surtout pour les lieux, les animaux exotiques, des choses atypiques, les cultures du monde, la danse et les photos de mode mises en scène ou encore des costumes. 

À vrai dire, dès que je vois quelque chose qui capte mon attention, je le décris avec des mots dans un carnet ou en fais un croquis plus ou moins détaillé. Une forme, un motif, l’apparence d’un bâtiment, une parure vestimentaire, des bijoux ou encore un tronc étrange, un comportement animal, etc. Par exemple, j’ai pas mal pris de notes sur les plantes du jardin botanique d’Edimbourg quand j’y suis allée, sur les odeurs, leurs formes, leur façon de pousser ou leur texture, etc. Je sais que ces ressources me serviront car tout est bon à prendre pour nourrir concrètement l’imagination.

Les Crimes de Grindelwald Roxane Millard

O : Qu’est-ce qui t’a poussée à accepter ce projet d’illustration de Boulevard des pas perdus ?

Connaissant Camille qui est venue me solliciter, j’ai accepté. ^^ Pour nourrir mon portfolio, et aussi me tester car la couverture n’est pas dans la ligne de mon travail habituel. C’est intéressant de se défier afin de voir sa progression, même si au début j’avais quelques appréhensions évidemment. 😉 Et puis l’intrigue autour de la Brume et de la créature en son sein a capté mon attention. Je voulais réussir à retranscrire l’ambiance ressentie dans les extraits, j’espère y être parvenue.

O : Comment as-tu abordé la conception de la couverture de Michèle ?

Difficilement. xD Je ne suis pas habituée aux architectures complexes en illustration car je me suis plus axée sur le vivant faune/flore dans mon travail. Ce n’est pas la même approche et donc il a fallu se challenger un peu. Mais les discussions avec Camille ont permis de bien fixer tout ce qui allait ou n’allait pas et au final le résultat est là. 🙂

O : Et celle de l’ex-libris ?

Celle-ci devait être différente au départ. Je prévoyais un autre personnage au premier abord. Puis, en relisant les extraits reçus, j’ai eu un coup de coeur pour le Gris. Le fait que ses descriptions soient sommaires était un défi mais en même temps contenaient plus de liberté de création. La créature était mystérieuse, intriguante. Et puis c’est un être plus « bestial » donc forcément cela m’a attiré. La Brume a été le plus gros challenge dans cette illustration. Je la voulais fluide, dansante tout en étant élégante mais, en même temps, dense, inquiétante avec un pointe de légèreté. Ce paradoxe de ce qui attire et induit la méfiance en même temps. On a envie d’y mettre les doigts mais on s’arrête avant. Après tout c’est le « pelage » de cette créature il fallait donc donner forte impression. 😉

O : Quelles sont les spécificités, les défis, les avantages que tu as pu rencontrer en travaillant avec une maison d’édition ?

Le plus gros défi en travaillant avec d’autres personnes est le souci de communication, quelque soit la branche. Mais quand on travaille sur d’autres univers imaginaires et personnels c’est encore plus important. Il y a toujours un moment où il va y avoir besoin de précisions, d’informations complémentaires, etc. Rien d’étrange, et c’est pour ça que c’est bien de se renseigner correctement au maximum en amont pour que le rendu soit le plus fidèle aux espérances de chacun. J’aime bien en général être en contact avec l’auteur ou l’éditeur quand je me lance. Je pose toues les questions qui me viennent à l’esprit, surtout quand je fais des cartes pour connaitre le type de lieux que je vais dessiner, me familiariser avec, etc. Puis, être libre d’explorer toutes les pistes possibles, de faire des expériences. Après, pour validation des étapes ou lorsque quelque chose bloque, de nouveau je me tourne vers les personnes les plus capables. De ce côté-là Camille a toujours su m’apporter les documents dont j’avais besoin pour la création des illustrations, ce qui m’a évité de tourner en rond inutilement. Rencontrer un autre univers que le sien, s’y familiariser, s’y adapter et lui donner une image à montrer au public est un gros défi en soit. On a toujours crainte de ne pas bien faire, ou de ne pas faire suffisamment c’est pour ça qu’être bien guidé est important.

O : Où peuvent te joindre les personnes qui souhaiteraient te laisser un commentaire, un message, une question ? As-tu un site, un blog ou des réseaux sociaux ?

On peut me trouver ici :
https://www.facebook.com/chonunhwa
https://www.instagram.com/chonunhwa_art
https://twitter.com/Chonunhwa

Et mon portfolio ici :
https://www.artstation.com/roxanemillard

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