Chastellière D'Huissier Pleynet Brenet

Entretien avec les auteurs de l’anthologie « Écologie et Folie technologique »

Francis Jr Brenet, Emmanuel Chastellière, Romain d’Huisser et Audrey Pleynet

Oneiroi : Salut Francis, Emmanuel, Romain et Audrey !
Avec la sortie imminente de l’anthologie Écologie et folie technologique, je me suis dit que ce serait sympa d’en apprendre un peu plus sur vous. D’autant plus que vous êtes les premiers à avoir signé chez nous.

Pouvez-vous nous parler un peu de vous, de votre parcours, vos passions, vos projets du moment ?

Emmanuel Chastellière : Je suis traducteur littéraire de profession et grand amateur de fantasy devant l’éternel (vous avez peut-être déjà fait un tour sur le site Elbakin.net). Depuis quelques années, je suis passé de l’autre côté de la barrière, avec quatre romans moi-même, chacun dans un registre différent.

Romain d’Huissier : Bonjour. Et bien, je suis un modeste auteur qui – ne vivant pas de sa plume – travaille en parallèle dans une association d’aide aux handicapés. Mari et père, également. Mon parcours reste assez classique – mais il inclut une longue période (toujours par terminée) de pratique et d’écriture du jeu de rôle. C’est d’ailleurs ce qui m’a permis de passer à la littérature proprement dite et j’œuvre dans les deux milieux – en espérant les rapprocher au mieux.
Quant à mes passions, elles tournent bien sûr autour des cultures de l’imaginaire. Je suis cinéphage, gros lecteur (aussi bien romans que comics ou manga par exemple), rôliste de longue date, joueur de jeux de plateau, etc.

Audrey Pleynet : Je suis une autrice de l’imaginaire principalement en anticipation. J’ai travaillé plusieurs années dans l’humanitaire et le social et je travaille actuellement dans le domaine de l’interculturalité, de la citoyenneté et de l’égalité. J’ai écrit un roman de science-fiction, Noosphère, en 2017, un recueil de nouvelles d’anticipation en 2019 et plusieurs autres nouvelles dans des anthologies de maisons d’édition. J’ai une passion pour le café et la SF. Bizarrement, ça va plutôt bien ensemble.

Francis Jr Brenet : Eh bien, je suis une timide grande gueule qui cache ce qu’il fait dans la vie. J’aime bien garder l’autre partie de ma vie secrète. Ce que je peux dire, c’est que j’ai toujours (ou quasi toujours) écrit. J’ai touché à tous les genres, poésie, théâtre, fantastique, fantasy, SF… en nouvelles ou romans. En 2014 est publiée la nouvelle L’Orgueil de l’univers aux éditions Long Shu Publishing. En 2015, le roman, La Balafre de Dieu est publié aux éditions Underground. En 2017, la nouvelle Macchabées Blues participe au prix Mille Saisons des éditions le Grimoire. Et enfin en 2018, L’Ombre et la lumière sort dans Dimension Super Héros 4 aux éditions Rivière Blanche. J’aime ce qui est barré en général, ce qui est atypique et remue les tripes.

O : Avez-vous un genre littéraire de prédilection ? Des écrivains, des livres fétiches ?

EC : Pas vraiment. Spontanément, je devrais répondre la fantasy bien sûr, en tant que lecteur, mais j’essaie de picorer un peu de tout, quand je trouve le temps en tout cas. Concernant mes livres fétiches, ça varie tous les jours, alors disons La Cité des Saints et des Fous de Jeff Vandermeer et Le Chien de Guerre ou La Douleur du Monde de Michael Moorcock. Cela dit, si je peux élargir à d’autres supports que le roman, je dirais Jojo’s Bizarre Adventure.

RdH : Sans vraiment avoir de genre favorisé, je suis plutôt lecteur de « mauvais genres » (fantastique, fantasy, polar, science-fiction…) et assez peu de littérature générale. J’aime aussi beaucoup les ouvrages historiques (encyclopédies ou romans qui puisent dans ce matériau) et certains essais (économiques, politiques…).
Je ne sais pas si on peut parler d’écrivains fétiches mais je voue un grand respect à tous les géants précurseurs – Tolkien, King, Howard, Lovecraft – sans forcément apprécier toutes leurs œuvres. Pour ma part, je suis plutôt influencé par le cinéma et je classe de nombreux réalisateurs à égalité avec les auteurs cités : Boorman, Hark, McTiernan…

AP : Mon genre littéraire de prédilection est la Science-fiction et l’anticipation. Je suis une fan d’Asimov, de Franck Herbert, de Barjavel, Elizabeth Vonarburg, Julia Verlanger. Tous les grands ! J aime aussi la littérature blanche, surtout les classiques parce qu’ils sont… classiques ! Indémodables et toujours aussi puissants. Comme Zola ou Racine et Molière au théâtre.

FB : Je suis pour l’éclectisme. Mes références sont multiples, de Boris Vian à Tolkien, en passant par Barjavel, Maupassant, Flaubert. J’avoue être moins attiré par les livres d’aujourd’hui, sauf si c’est un roman réputé un peu dingue, alors là mon araignée au plafond se laisse séduire. Je préfère nettement relire L’Écume des joursLe Silmarillon ou L’Enchanteur.

O : Revenons un peu en arrière, aux origines. Comment vous est venu l’envie d’écrire ?

EC : Eh bien, j’avais mis cette envie de côté pendant de longues années, entre les études, mon métier… et tous les romans des autres. Et puis, arrivé à 30 ans, je me suis dit que ce serait tout de même un peu bête de ne pas tenter le coup sérieusement, car j’ai toujours eu envie de raconter des histoires. Alors, je me suis mis un coup de pied aux fesses et ça a donné Le Village en 2016, nommé aux Imaginales, et trois autres livres ensuite. Un peu comme si j’avais envie de rattraper le temps « perdu » !

RdH : Cette envie a toujours été présente, aussi loin que je m’en souvienne. Dès la petite enfance, durant laquelle j’étais déjà un gros lecteur (à mon niveau, bien sûr). J’écrivais de petites histoires, j’essayais de dessiner des bandes dessinées (avec bien peu de talent), etc.
Malheureusement, j’ai grandi dans un milieu où la seule voie possible dans la vie passait par un parcours scientifique… De fait, j’ai dû mettre ces pulsions en sourdine durant mon adolescence et c’est grâce au jeu de rôle que je suis parvenu à devenir auteur professionnel dans un premier temps.
Puis, après avoir assimilé suffisamment d’expérience pour vaincre mes complexes, j’ai enfin osé me lancer en littérature – trop tard à mon goût mais bon… Au moins, c’est fait !

AP : Je parle beaucoup, vraiment beaucoup. J’adore lire aussi. Donc j’ai mêlé mes deux passions. Et puis raconter des histoires à l’écrit plutôt qu’à voix haute toute seule devant son miroir, ça trahit un peu moins la folie. Soudainement, on est artiste. ☺

FB : Naturellement, au CP. J’ai pondu ma première histoire, et depuis je n’ai jamais cessé. C’était une évidence, déjà tout petit. Cela étant, ce sont de longues années de travail, à se remettre en question, jusqu’à parfois oublier pourquoi l’on écrivait au départ. Heureusement pour moi, les rêves me rappellent à cette envie quasi sacrée.

O : Je le rappelle, l’anthologie annuelle d’Oneiroi est une invitation à la découverte du steampunk. Ce premier « tome » a pour thème Écologie et folie technologique. Au sommaire, on trouve D’amour et d’acier (F. jr Brenet), Beautés (A. Pleynet), L’Homme sans rivage (E. Chastellière) et Fengshui et vapeur de jade (R. d’Huissier).
Comment vous est venu l’idée pour votre nouvelle ?

EC : Célestopol étant une cité sous un dôme située sur la Lune, son écosystème est un cas à part, évidemment. Concrètement, l’idée de la nouvelle m’est venue de façon indirecte, via mon questionnement sur l’utilisation des ressources marines. Pour ne pas en dire plus. Mais comme souvent avec moi, j’avais une image très précise en tête qui me donnait envie d’écrire et j’ai dû ensuite développer tout le reste. Tout en gardant bien sûr en tête que le texte devait rester accessible aux lectrices et lecteurs qui n’auraient pas déjà lu Célestopol de leur côté.

RdH : L’une de mes grandes passions est la Chine ancienne – histoire, culture, mythologie… Et je trouvais intéressant de proposer du steampunk (un genre assez ancré dans la sphère occidentale) dans ce cadre-là. Notamment à cause du changement de paradigme : la culture chinoise classique est très respectueuse de la nature, ce qui se traduit notamment par l’art du fengshui qui est omniprésent en architecture (de nos jours encore, dans les régions où subsistent ces traditions, à Hong Kong par exemple). Je souhaitais opposer cette vision au prisme habituel du genre, qui met en scène majoritairement une industrie destructrice.

AP : Sous la contrainte ! ☺ j’ai participé au match d’écriture des Imaginales 2018 organisé par Présences d’esprit. J’ai tiré le thème « Machine addict ». J’ai immédiatement pensé à ces machines qui rendent belles, auxquelles on devient accro et qu’on aimerait appliquer à tout, autour de nous. Cette fausse beauté qui cache la vraie, pleine de défauts mais beaucoup plus précieuse. 

FB : C’est la première fois que j’écrivais du steampunk. J’ai donc fait quelques recherches pour m’imprégner du sujet. Au fur et à mesure, j’ai eu quelques flashs. Et comme une madame Irma, je fonctionne avec ces flashs. En découle alors une histoire.

O : Quelles ont été vos sources d’inspiration pour votre texte ?

EC : Pour le coup, je ne crois pas en avoir vraiment eu, en tout cas, sur le plan littéraire. Peut-être encore une fois notre propre actualité justement, puisque je suis un grand adepte d’une littérature de l’imaginaire à même de nous donner des outils pour mieux affronter le quotidien, et pas « simplement » comme une promesse d’évasion.

RdH : J’ai structuré mon histoire comme une enquête du Juge Ti, un personnage historique auquel l’écrivain Robert Van Gulik  a consacré de nombreux romans et nouvelles. C’est un enquêteur sagace qui ne lâche pas le morceau avant d’avoir résolu l’énigme. Les polars qui le mettent en scène possèdent une structure assez familière au lecteur occidental ; on reste dans des codes classiques façon Agatha Christie. Ce qui me permettait d’offrir une porte d’entrée accessible.

AP : L’expo Paris 1900 vue il y a quelques années et des BD steampunk notamment Fées et tendres automates qui est sublime.

FB : Je ne sais pas. Même si ça peut paraître lointain, du Cronenberg peut-être, pour le côté organique, mais n’en révélons pas trop. 😉

O : Que pensez-vous de notre choix de passer par le financement participatif ?

EC : Les financements participatifs engrangent parfois des sommes folles – et à mon avis clairement disproportionnées – et j’espère que ces « anomalies » ne vont pas vampiriser les projets qui, eux, ont vraiment besoin d’un coup de pouce. Car le financement participatif peut encore constituer un véritable accélérateur.

RdH : Le milieu littéraire est une jungle où il est difficile de se faire une place – en témoigne l’arrêt d’activité de nombreux petits éditeurs récemment. Et même les gros subissent les remous d’une « crise du livre » qui se traduit par une baisse généralisée des ventes.
Se lancer sans filet est un pari risqué, d’autant plus lorsqu’on se fixe une ligne éditoriale axée sur les « mauvais genres » (qui se vendent notoirement moins bien). Sécuriser la création de la maison d’édition en levant des fonds me semble dès lors une solution idéale, qui permet de disposer de fondations solides et d’une communauté de départ (un financement participatif faisant aussi office de campagne de communication). 

AP : C’est une idée géniale! Ça implique le public, fait partager les coulisses de l’édition et les met aussi devant leur responsabilité face à la création artistique : c’est une passion et un parcours du combattant. On a besoin du soutien des lecteurs !

FB : Je pense que c’est une bonne idée, surtout lorsque l’on connaît les difficultés du monde de l’édition aujourd’hui. Par ailleurs, c’est une bonne méthode pour investir les futurs lecteurs dans la création d’un ouvrage.

O : Quels sont vos projets d’écriture ?

EC : Je suis, entre autres choses, en pleine écriture de deux projets parallèles, cette fois dans deux univers que je connais déjà et que je suis retourné explorer : Célestopol 1922 et un autre roman dans l’univers de l’une de mes deux sorties de 2018, L’Empire du Léopard, pour les éditions Critic, à paraître en février 2020.

RdH : J’ai de nombreuses envies concernant la littérature – de la fantasy antique, du cape & d’épée chinois, du polar aussi sans doute…
Ainsi que des projets rôlistes ambitieux : je compte réaliser l’adaptation des Chroniques de l’Étrange (ma trilogie d’urban fantasy à Hong Kong) en jeu de rôle dans un avenir proche.

AP : Des nouvelles encore parce que je suis accro à l’exercice. Un roman post-apocalyptique et peut-être un autre roman de science-fiction.

FB : Un roman mélange de steampunk et de post-apo toujours en cours d’écriture ; des nouvelles qui devraient sortir en 2020. Mais chut !!!! Top secret !!!

O : Avez-vous un site web, un blog, des réseaux sociaux où vos futurs lecteurs pourront vous laisser des messages ?

EC : Oui, j’ai un peu de tout ça ! Un site, un compte Twitter, récemment un compte Instagram.
Et comme beaucoup, on peut aussi me trouver sur Facebook…

RdH : Une seule adresse ! Ma page d’auteur sur Facebook où je centralise tout. Mon actualité, mes coups de cœur, de nombreuses petites nouvelles, etc.

AP : J’ai un blog et je suis sur Facebook et instagram sous le nom Audrey Pleynet Auteur.

FB : Vous pouvez me retrouver sur Facebook.

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