Ostramus auteur du Traité de chronoportation

Entretien avec Ostramus

Salutations Ostramus, confrère chrononaute !

Vous n’êtes pas facilement joignable, merci de faire une exception pour nos lecteurs.
Entrons dans le vif du sujet :

Vous aimez les machines, qu’elles servent à voyager dans le temps ou à écrire. Qu’est-ce qui vous a poussé à passer de l’une à l’autre ?

De mon temps, il n’était pas aisé de trouver des conseils sur la chronoportation. J’ai fait quantité d’erreurs au cours de mes voyages, dont certaines ont failli me coûter la vie. Il me parait ainsi nécessaire de coucher par écrit tout le savoir que j’avais pu amasser pour le partager avec le plus grand nombre. Ma principale motivation est de rédiger le type de document qui m’a fait défaut lorsque j’ai moi-même eu l’audace de traverser le temps. Cela a donné le Traité de chronoportation, et je prévois en parallèle d’écrire quelques récits en m’inspirant des aventures qui me sont arrivées. La fiction s’avère un moyen tout aussi efficace et bien moins risqué que le voyage temporel pour s’évader ailleurs et explorer d’autres réalités.

Ostramus auteur du Traité de chronoportation

Racontez-nous votre première expérience de chronoportation !

C’est assez particulier étant donné que je n’ai pas moi-même voyagé dans le temps. Je préparais mon anniversaire et je savais que la fête durerait toute la nuit. La veille, j’ai donc chronoporté en continu de la lumière du jour dans le futur. De cette manière, une fois le soleil couché, les rayons lumineux sont réapparus à l’heure prévue et ont inondé de lumière mon jardin. Nous étions ainsi dans un petit îlot de clarté au milieu des ténèbres. Tout le monde a été enchanté.

Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur vous-même æ vos pérégrinations temporelles ?

Je me considère davantage comme un créateur que comme un chrononaute. Certes, je voyage dans le temps, mais ce n’est pas pour visiter le passé ou découvrir de quoi le futur sera fait. Je m’adonne principalement à la chronoplastie, à savoir à la manipulation volontaire de l’histoire. Pour moi, une uchronie s’apparente à une œuvre d’art et je m’attache à faire dévier le cours des évènements de sorte à créer les trames temporelles les plus remarquables qui soient.

Du reste, je suis assez gourmand de nature et l’essentiel de mes voyages consiste à trouver les bonnes adresses de restaurants. Dernièrement, j’en ai déniché un sur Mars aux alentours du XXIXe siècle qui propose les meilleures tapas de toute l’éternité.

Quelle est votre époque préférée ? Pourquoi ?

Dans ma trame temporelle d’origine, la révolution industrielle s’est produite sous le règne de Périclès. J’aime beaucoup cette Antiquité avec ses inventeurs qui exploitent la puissance de la vapeur et s’en servent pour concevoir des machines toutes plus extravagantes les unes que les autres. Il n’y a rien de plus fascinant que de déambuler dans une agora peuplée d’automates et survolée par de multiples aérostats.

Auriez-vous une anecdote chrononautique croustillante à partager avec nous ?

Je me souviendrais toujours de cette fois où je me suis rendu au paléolithique pour participer à la création d’une peinture rupestre. Tout s’était très bien passé et en fin de journée, nous avons fait un grand repas. Je ne m’en étais pas rendu compte sur le moment, mais j’ai utilisé un économe pour éplucher des légumes et, à un moment, je m’en suis servi pour tuer un rat qui s’en prenait à un enfant. Les parents m’ont chaudement remercié. Le lendemain, je suis retourné à mon époque. Jamais je n’aurais cru qu’en remontant si loin dans le temps, et en faisant si peu de choses, je produirais une déviation du cours du temps. Pourtant, je me suis retrouvé dans une uchronie.

Au début, je n’ai rien remarqué. Et puis un jour, je suis allé au musée pour faire des recherches dans le cadre d’un prochain voyage dans le temps. Je suis alors tombé sur une immense statue grecque mettant en scène un homme musclé, armé d’un économe géant avec lequel il transperce une hydre. La notice indiquait qu’il s’agissait du dieu peintre-guerrier en train de vaincre les démons souterrains qui voulaient s’en prendre à la beauté du monde. Un guide m’a expliqué que l’origine du mythe était incertaine et que les historiens dataient généralement le récit aux dernières glaciations. La plus ancienne représentation était une ébauche retrouvée sur une paroi d’une grotte préhistorique. L’économe était ainsi devenu l’emblème des artistes.

Même si depuis j’ai quitté cette trame, je ne peux jamais m’empêcher de ressentir un petit frisson mégalomane à chaque fois que j’épluche mes patates.

Y a-t-il un moyen de vous joindre pour les lecteurs du XXIe siècle ?

Le plus simple reste de m’écrire à ostramus@gmail.com. Il ne faut surtout pas hésiter à me contacter. Qu’importe le sujet, je ne demande qu’à rendre service.

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